Le pot au feu

Mon appartement. Les cinq pièces. Le salon, la cuisine, la salle d’eau, la chambre d’amis et ma chambre. Mon vieux canapé, datant de mes années fac, ma penderie, mes quelques posters et tableau, la théière de ma grand-mère, les livres de mon oncle, mon appareil à crêpe, mes fringues, mes CD, mes souvenirs de voyage en Inde et au Canada, les cadeaux de mes amis, les lettres de mon meilleur ami, tous mes papiers administratifs, ma vieille malle aux alcools, mon beau tapis persan, …

Tout est parti en fumée !

Un incendie. Sinistre d’une erreur de la vieille dame du dessus, qui a laissé son pot au feu sur le feu.

Et dans tous ça, ce qui me manque le plus, ce sont mes albums photos. Traces de ma trentaine d’années sur cette vieille terre. Les photos de ma famille, de mon enfance au pays, de mes amis, de mes années lycées et fac, de mes premières bringues, mes premiers amoureux, mes voyages, mes vacances, ma vie…

Mais moi je suis en vie. La vieille dame au pot au feu, elle, est partie en fumée.

J’ai été relogé dans un autre cinq pièces. J’ai racheté un canapé, une penderie, un lit, et tout un maigre confort. Mais il me manque mes trésors, il me manque mes bagages. Et il me manque une vieille dame, et ses odeurs de cuisine.